Dans cette rubrique, je partage avec vous des enseignements que j’ai pu recevoir et qui peuvent résonner pour vous.
J’ai eu la chance de bénéficier il y a peu de temps d’un soin aux onctions par mon amie Alexandra Monéger. A cette occasion, elle m’a parlé de sa discussion avec des indiens Maori autour de la thématique des racines. Les Maoris lui demandaient : « Quelle est ta montagne, quelle est ton fleuve, quelle est ta terre ? » et, pour elle qui résidait alors à Paris, il était difficile voire impossible de répondre à cette question. Alexandra m’a fait remarquer que de mon côté, je pouvais me référer à des racines fortes et identifiées. Sur le coup, je n’ai pas compris. Puis, cela m’est apparu comme une évidence : bien sûr que je suis enracinée à ma terre, à mon fleuve, à mes coteaux ! Bien sûr, que cet environnement, ce terroir, m’a faite telle que je suis et continue à influer sur chacune de mes actions et décisions.
Ma terre, c’est l’Anjou. Mon fleuve, c’est la Loire. Ma montagne, ce sont les Coteaux du Layon. Mes pierres, ce sont l’ardoise et le tuffeau. J’y suis née. J’y habite toujours. Cela me construit et me nourrit. La Loire coule dans mes veines.
Pour retrouver votre cohérence, pour vous sentir à la maison là où vous êtes, allez, vous aussi, convoquer vos racines. Et si elles vous paraissent ne pas exister, construisez-les là où votre cœur vous appelle, même s’il vous faut pour cela aller chercher chez vos ancêtres lointains. Chacun d’entre nous vient forcément de quelque part. Que ce soit à l’échelle d’une région, d’un pays, d’un continent…ou d’une planète ! Trouver vos racines va vous permettre d’y puiser votre force, votre énergie et votre identité profonde. Vous allez vous sentir aligné, rassuré, ancré, accueilli et vos projets pourront se développer sur des bases solides et profondes.

Voici des lignes tirées d’un recueil de nouvelles « Solitude de la pitié »(1932), de celui que j’aime à appeler mon père spirituel, Jean Giono, poète des mots, chaman de la littérature:
« Il y a bien longtemps que je désire écrire un roman dans lequel on entendrait chanter le monde. Dans tous les livres actuels on donne à mon avis une trop grande place aux êtres mesquins et l’on néglige de nous faire percevoir le halètement des beaux habitants de l’univers. Les graines dont on ensemence les livres, on les achète toujours au même grainier. On sème beaucoup l’amour sous toutes ses formes et c’est une plante bien abâtardie ; encore une ou deux poignée d’autres graines et c’est tout.Tout ça d’ailleurs se sème sur l’homme. Je sais bien qu’on ne peut guère concevoir un roman sans homme, puisqu’il y en a dans le monde. Ce qu’il faudrait, c’est le mettre à sa place, ne pas le faire le centre de tout, être assez humble pour s’apercevoir qu’une montagne existe non seulement comme hauteur et largeur mais comme poids, effluves, gestes, puissance d’envoûtement, paroles, sympathie. Un fleuve est un personnage, avec ses rages et ses amours, sa force, son dieu hasard, ses maladies, sa faim d’aventures. Les rivières, les sources sont des personnages : elles aiment, elles trompent, elles mentent, elles trahissent, elles sont belles, elles s’habillent de joncs et de mousses. Les forêts respirent. Les champs, les landes, les collines, les plages, les océans, les vallées dans les montagnes, les cimes éperdues frappées d’éclairs et les orgueilleuses murailles de roches sur lesquelles le vent des hauteurs vient s’éventrer depuis les premiers âges du monde : tout ça n’est pas un simple spectacle pour nos yeux. C’est une société d’êtres vivants. Nous ne connaissons que l’anatomie de ces belles choses vivantes, aussi humaines que nous, et si les mystères nous limitent de toutes parts c’est que nous n’avons jamais tenu compte des psychologies telluriques, végétales, fluviales et marines.
Cet apaisement qui nous vient dans l’amitié d’une montagne, cet appétit pour les forêts, cette ivresse qui nous balance, regard éteint et pensée morte, parce que nous avons senti l’odeur des bardanes humides, des champignons, des écorces, cette joie d’entrer dans l’herbe jusqu’au ventre, ce ne sont pas des créations de nos sens, ça existe autour de nous et ça dirige plus nos gestes que ce que nous croyons.
[…] Il faut, je crois, voir, aimer, comprendre, haïr l’entourage des hommes, le monde d’autour, comme on est obligé de regarder, d’aimer, de détester profondément les hommes pour les peindre. Il ne faut plus isoler le personnage-homme, l’ensemencer de simples graines habituelles, mais le montrer tel qu’il est, c’est-à-dire traversé, imbibé, lourd et lumineux des effluves, des influences, du chant du monde. Pour qui a vécu un peu de temps dans un petit hameau de montagne par exemple, il est inutile de dire combien cette montagne tient de place dans les conversations des hommes. Pour un village de pêcheurs, c’est la mer ; pour un village des terres, ce sont les champs, les blés et les prés. On ne peut pas isoler l’homme. Il n’est pas isolé. Le visage de la terre est dans son cœur.
Pour faire ce roman, il ne faudrait que des yeux neufs, des oreilles neuves, des chairs nouvelles, un homme assez meurtri, assez battu, assez écorché par la vie pour ne plus désirer que la berceuse chantée par le monde. »
Lors d’un jeûne initiatique et quête de vision, j’ai pu rencontrer des esprits animaux et végétaux qui m’ont transmis de jolis messages. Laissez-vous porter par leur simplicité et leur sagesse !
Le scarabée m’a dit : « Si tu sais avec le cœur que c’est ton chemin, alors peu importe les difficultés et les interdits, rien ne pourra t’arrêter »
Le chevreuil m’a dit : « Ta place et ton chemin se trouve sur la frontière entre les mondes et c’est là que tu te trouves »
Le cheval m’a dit : « Cela peut prendre beaucoup de temps avant de parvenir à communiquer avec les esprits des autres mondes. Il ne sert à rien de forcer les choses car cela ne ferait que les ralentir. Au moment juste, tout arrivera »
Le troglodyte m’a dit : « On peut être le plus petit d’entre tous et contribuer à l’harmonie et la beauté du Monde »
Le geai m’a dit : « On peut être le plus invisible de tous et pourtant être le plus écouté »
La libellule m’a dit : « Cela peut prendre du temps et bien des épreuves avant de devenir qui on est vraiment »
La buse m’a dit : « Si on oublie d’où on vient et qu’on renie nos frères et sœurs humains, alors on s’oublie soi-même »
Le corbeau sur le cheval m’a dit : « Les différents mondes et règnes sont faits pour s’entrecroiser et chacun a besoin de l’autre pour vivre »
Le chêne m’a dit : « Les morts continuent de soutenir les vivants »