Quand la Lune s’élime et que l’âme s’étonne
Céline glisse ses larmes sur son cœur qui tonne
Et là, le long d’une nuit, elle élargit les yeux
Telle une fille féline au cristallin gracieux
Les épaules tendues et les bras déployés
Elle embrasse le ciel d’un long regard noyé
Les astres chancelants lui offrent en tourbillon
Des escarbilles d’opale et d’œil de faucon
Le sommeil l’a quittée pour ne pas revenir
Alors elle mêle la Lune à ses doux souvenirs
Milan, Bombay, Lima, Barcelone, Saint Pierre
Les escales défilent et roulent sous ses paupières
Elle s’enivre au venin des étoiles du scorpion
Qui jouent au firmament comme de petits lampions
Le vertige la gagne et elle glisse en souriant
Se retenant d’une main aux rideaux de tulle blanc
La voici allongée à même le sol de bois
Caressant le chêne dur de la pulpe du doigt
Un courant d’air coquin lui glisse sur les reins
Sa frimousse frémit, elle s’émoustille un brin
Un papillon duveteux aux ailes éperdues
Vient finir sa course sur une hanche nue
Découverte comme une île dans la mousseline blanche
L’insecte s’habille alors d’écume du dimanche
Comme elle est douce la nuit, comme elle est courte hélas
Songe Céline alors que la Lune s’efface
Un merle donne son cœur au grand chœur matinal
Céline se laisse couvrir de lumière orientale
…Elle garde sur ses lèvres quelques poussières d’opale