L’âme d’enfant
A la poursuite de rêves, je consume la vie
Je m’accroche à des arbres comme à des mâts fendus
Je vogue aux Caraïbes du fond de ma bassine
Je gravis le volcan au bout de l’allumette
Mirage, espoir et folie douce
Mes rêves me tiennent en vie au bout des pinces à linge
Que j’accroche songeuse pour sécher des culottes
D’étoffes soyeuses et douces comme venues de Chine
Par chance nul besoin de dormir pour partir
A l’assaut d’utopies aussi fières qu’un Mongol
Il suffit de laisser dériver les neurones
Dans la rivière sinueuse des synapses saoulées
Kingston! Ulan Bator ! Iles de Pâques et Java !
D’un battement de cils, d’un seul coup de cœur au fond de ma poitrine,
Me voilà défiant les contrées que mille fois
J’ai dessinées rageuse au crayon sympathique
Village lacustre, mandragores et pingouins
Rien n’est trop magnifique pour mes rêves de jour
Le chat qui passe hagard au pied du gros fauteuil
Est le tigre affamé qui menace mes flancs !
Je bichonne chaque instant mon champ de fleurs candides
Je cultive le fantasme sans retourner la terre
Pour conserver intact dans son cocon diaphane
Le trésor d’enfant qui dort dans mes souvenirs
Vogue coque de noix, la tempête est passée !
L’écureuil affamé aux longues incisives
A perdu le chemin de sa petite cachette
A l’assaut d’océans où les poulpes s’étonnent,
A cheval sur la vague qui danse le pogo,
Je suis le boucanier qui hurle dans le vent !