demande voir à la pluie si elle a soif
demande au torchon s’il sent le pain
j’ai accroché un lustre au milieu de la chambre
en me demandant s’il tiendrait bien l’année
j’ai calé le lit tout contre le mur
j’ai peint une fenêtre à même le meuble
avec la suie de mes idées noires
et pour voir dehors, j’ouvre le tiroir
demande au couteau si un visage se taille
demande à l’araignée à qui elle vend ses toiles
dehors c’est l’été et sa peau rougie
craquelée sur la terre des melons farineux
le pus d’une chenille écrasée qui oxyde
la voiture rouillée sous les rayons torrides
j’ai foulé le sol dur de ma cheville enflée
j’ai tordu le cou d’une poule cannibale
demande au papillon si la vie est trop courte
demande au bitume si les adieux lui pèse
les jours s’accumulent bien trop et s’étirent
je les ratisse et les jette en tas au fond d’un trou
Lundi , Mardi ,Mercredi, Jeudi, Vendredi, Samedi, Dimanche
par pelletées au fond, qui se désagrègent
comment faisais-tu toi, pour éviter l’odeur
de ces journées vides qui se décomposent ?
demande à la glycine qui lui pisse dessus
demande voir au poireau s’il est encore vert
je te demande à toi pourquoi le temps me blesse
je te demande à toi pourquoi j’ai toujours faim
pourquoi j’ai toujours tant besoin de tes caresses
pourquoi je fixe le sol, je ne finis plus mon pain
pourquoi chaque seconde je meurs de mon ennui
je te demande à toi pourquoi es-tu parti ?