Pâques
Sur l’île de Pâques, le vent te pique
La mer t’attaque au fond des criques
A quatre pattes contre l’air fou
Tes dents qui claquent comme tes genoux
Où sont les arbres et les oiseaux ?
Où sont les pies et les moineaux ?
Il n’y a rien qui fasse hauteur
Rien qui dépasse que ta grande peur
Quel est ce vide qui t’envahit
Quand tu regardes vers l’infini ?
Quel est ce doute qui t’accable
Et qui t’entraîne sous le sable ?
Tu pleures et flippes dans le désert
D’un bout de rocher dans la mer
Il n’y a rien, rien que le vent
Et les fientes de cormorans
Et ils se tiennent, droits ou penchés
Le nez dans l’herbe ou l’œil brisé
Et ils t’accusent, cornée saillante
Regard fier, bouche méprisante
Ils sont sublimes, même écrasés
Géants de lave froide et taillée
Et ils t’observent te débattre
De leur prunelle pure d’albâtre
Sur l’île de Pâques, au mois d’avril
Les Moaïs de leur œil tranquille
Veillent sur la dérive de ta vie
A l’ombre sévère des scories