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Sous les lauriers tins

Sous les lauriers tins

 

Ce dimanche nous courions sur le sentier sauvage
Qui mène du vieux lavoir au bord de la rivière
Le sol était jonché d’un matelas de feuilles
Jaunissantes et craquantes sous nos semelles de cuir

L’orage avait gonflé d’une eau sale et violente
La rivière effrontée qui gémissait de fougue
Une buée rose et chaude suintait de toutes parts
Écrasée par un ciel encore lourd et trapu

Ta main elle aussi brillait d’une sueur tiède
Sur laquelle ma main glissait et dérapait
Si bien que je devais m’agripper à tes doigts
Si je ne voulais pas que d’un coup elle m’échappe

Maudites soient les nues qui nous avaient chassés
Du parapet de pierre où nous étions couchés
Sous le soleil de mai enlacés en secret
A l’heure où nos parents buvaient et jouaient aux cartes

Le sol se fit boueux sous nos pas en cavale
Nous manquions chaque instant de nous trouver à terre
Tu me tirais très fort et tu filais trop vite
Je trébuchais sans cesse sur des branches lessivées

Quand enfin tu stoppas souffle court notre fuite
Tu t’es tourné vers moi l’air perdu et inquiet
Je caressais tes joues en souriant doucement
Pour faire taire en toi l’envie de repartir

Puis je t’ai attiré à genoux sur la mousse
Jusqu’à une hutte verte que formait les lauriers
Sous l’embrasure fleurie des branches les plus fortes
Le sol offrait une couche bien sèche et accueillante

Et là sous les ombelles de neige odorante
J’ai écouté ton cœur qui s’apaisait enfin
La sueur mêlée de pluie qui zébrait tes pommettes
Était comme des larmes de bonheur enfantin

 

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