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Béliers

Le petit chat est mort
Le mimosa a chanté pour lui pendant vingt-huit jours
La Lune a fait son petit tour dans le ciel, a disparu, est revenue, a disparu encore
Mars a craché toute sa folie furieuse, a déchaîné ses troupeaux de nuages enragés
A pleuré en cataracte, soupiré en tornades, battu en grêle, aimé en passion
Le vent part maintenant à l’assaut des antennes relais
Il déloge les couples de pinsons à peine installés dans des brouillons de nid
Il est une force virile qui nous entaille les poumons et nous écervelle
Des hordes de béliers fous courent en tous sens dans le ciel décousu
Ho ! Cavalier, ho ! Où donc nous mène ton attelage barbare ?
L’âme, incapable de s’arrimer à la Terre, dérive dangereusement vers des plans inconnus
Le cœur s’extasie puis se morfond, balloté entre impatience et terreur
La peau se craquèle et fissure sous l’attaque d’un air desséché
Les pieds ne savent plus où mener les jambes, où danser la vie
Les yeux se plissent face au vent, au vent, au vent
Et nous voilà ce soir
Nous sommes entrés dans le printemps par une porte dérobée qui claque derrière nous et ne nous laisse pas de retour possible
Cette fois, nous y sommes !
Pas d’alternative, pas de dérobade pour nos corps endoloris
Il n’y a plus de paix, plus de guerres, plus de bilans, plus de perspectives
Juste l’instant présent et la dureté du sol
Juste les éléments qui viennent nous cingler leur réalité, volcans et ouragans, gifles bien méritées sur nos visages d’humains grimaçants d’ingratitude
Qu’à cela ne tienne ! Nous voilà à bord de l’Arche de Noé, laissant derrière nous
tous ceux qui n’ont rien vu venir, qui n’ont rien voulu savoir
Alors dans la tempête, laissons le gouvernail tourner au gré du destin
Rien ne sert de lutter contre la grande folie
Assis sur le pont détrempé du navire, nous jouerons aux cartes jusqu’à la nuit tombée
Puis nous danserons, ivres d’une joie neuve, sous les guirlandes d’étoiles
Et au bout de la mer, nous atteindrons fourbus le commencement du monde

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2 réflexions au sujet de “Béliers”

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